Le mot AMOUR serait dérivé de l'hébreu *owr , qui signifie tour à tour lumière, jour, amour, aurore... Dans la Bible, c'est également un verbe, qui veut dire "être , devenir brillant, éclairer" . Dans nombre de religions, de mythologies, de cosmogonies, Amour et Lumière ne font qu'un !

Les Aurores boréales sont de ce point de vue un phénomène géophysique intéressant car elles ont suscité dans la plupart des cultures arctiques des interprétations symboliques riches et continuent d'exercer une certaine fascination dans notre monde occidental hyper -connecté.

L'anthropologue Nastassja Martin résume cela en parlant des  " aurores , et ceux qui transitent avec elles, les esprits des disparus, des hommes, des animaux, des plantes, qui courent sur un ciel glacial dans les explosions de couleurs" ... L'aurore suscite un inévitable sentiment de dépaysement , qui pose à l'homme la question de son déplacement et de sa place dans le cosmos. Un sentiment de sérénité et d'élévation gagne ceux qui contemplent le spectacle solennel et tranquille de ces lumières nocturnes. André Gide , dans Le Voyage d'Urien (1893) fait du phénomène une véritable épiphanie : "L'aurore s'étant lentement relevée, comme un ange chargé de prières, reprit le chemin séraphique [...] la nuée s'étant ouverte, je vis des anges "

Dans la mythologie grecque, Aurore est celle qui apporte la lumière, celle qui prépare les hommes à voir le monde tel qu'il est , dans tout l'éclat de sa vérité. Elle est aussi une représentation de la révolution, qui doit amener le triomphe des Lumières. 

Dans ses Métamorphoses , Ovide raconte comment Aurore , cette fille de titans, enleva Céphale, le chasseur , et le persuada de l'infidélité de son épouse ... 

Prométhée , dont le nom signifie " le prévoyant, celui qui pense avant d'agir" , avait un frère du nom d'Epiméthée, dont le nom signifie " celui qui réfléchit après coup" , tous deux fils d'Ouranos (le Ciel) et Gaïa ( la Terre) ...  

Les dieux commençaient à s'ennuyer ferme sur l'Olympe alors Zeus demanda qu'une espèce inférieure puisse être créée pour les admirer et célébrer leur gloire ... Les deux frères furent chargés de la mission, ils prirent de la terre et de l'eau, façonnèrent des êtres dans lequel Athéna vint déposer le souffle vital ... Epiméthée s'était si bien amusé qu'il avait distribué  tous les trucs pour se protéger, se couvrir, se nourrir, se défendre  (coquille, corne, poil , griffe ...) aux animaux et que l'homme restait là tout nu et sans défense ... Prométhée, qui réfléchissait davantage, se demanda ce qu'il pourrait bien donner aux hommes pour qu'ils ne s'enrhument pas au premier souffle, qu'ils puissent cuisiner et tout le reste ... C'est alors qu'il décide de dérober à Héphaïstos  et Athéna , les Arts et le  Feu , devenant ainsi le dieu de la technologie !

Dans le Prométhée enchaîné, Eschyle donne une version "progressiste et positive " du mythe , faisant de Prométhée, un héros civilisateur, émancipateur, il est celui des Titans, qui permet à l'Homme de se tenir debout ... Le feu qu'il dérobe aux dieux devient métaphore de la connaissance. Mais ce Feu est un "dangereux ami" : à la fois civilisateur et émancipateur, et en même temps cadeau qui oblige , soumet .

           Zeus , qui gardait le Feu comme un privilège divin, punit Prométhée pour son larcin, son audace : il le condamne à être attaché à un rocher au sommet du Caucase, son foie dévoré par l'aigle chaque jour, repoussant chaque nuit. 

          Hercule, lors de ses douze travaux, délivrera Prométhée mais Prométhée devra porter - pour l'éternité- une bague de fer provenant de ses chaînes, accolée à un morceau de pierre du Caucase.

Dans son Protagoras, Platon raconte que Zeus, craignant que l'humanité ne disparaisse, envoya Hermès, son messager, pour porter aux hommes la pudeur et la justice, pour servir aux règles de la cité et développer l'entraide . Car si les Hommes possédaient  désormais le  Feu de l'action pour conserver leur vie et se reproduire, ils n'avaient pas encore acquis le Feu sacré, la science politique, que possédaient les Olympiens . "Etablis en outre en mon nom cette loi que tout homme incapable de pudeur et de justice sera exterminé comme un fléau de la société ". " Il faut que tout le monde ait part à la vertu civile, autrement il n'y a pas de cité."

               Est-ce à  dire alors que l' Amour , qui ne s'affranchirait pas du pacte avilissant du mariage, serait nécessairement condamné à être dévoré par la colère ? Qu'il n'y a pas de véritable Amour sans quête révolutionnaire?  Sans pudeur ? Sans justice ?