Peuplés de plumes, de cris et de vent , les ciels de novembre nous incitent à lever les yeux, à voir plus loin que le point du jour , à mesurer le chemin parcouru et à parier sur une météo favorable pour continuer à avancer ... 

Quelles sont donc les leçons du peuple migrateur en cette étrange saison qui, l'année dernière, nous ravit les deux phares que sont Pierre Soulages et Christian Bobin ?

Partageons avec ces drôles d'oiseaux la plongée dans la nuit d'hiver , d'où jaillira bientôt la Lumière ...

Pierre Soulages est venu au monde un 24 décembre : né en plein coeur de la saison obscure et froide, il a su trouvé son chemin vers la lumière , annoncer le printemps et son oeuvre n'a cessé de poursuivre cette obscure clarté ! Il est comme ces oiseaux , poursuivis par le froid , qui rêvent de contrées chaleureuses : éprouver le souffle , sentir la caresse du vent sur ses ailes, rencontrer l'ange ... 

" Tu cherches l'origine de la panne, l'endroit où l'éclair s'est perdu dans la nuit de l'enfance après en avoir surgi." écrit Christian Bobin , dans Pierre, 

                 De tout temps, les poètes ont toujours éprouvé une certaine connivence avec les oiseaux, frères d'ailes qui nous embarquent et nous aident à prendre de la hauteur . 

Bobin enviait cette "légèreté de l'oiseau qui n'a pas besoin pour chanter de posséder la forêt, pas même un seul arbre" ...

N'est-ce pas la leçon de ces grands voyageurs , qui traversent nos ciels en ce moment ? Il y a chez eux comme dans la littérature de Christian Bobin, comme une manière éthique d'habiter le monde ... 

Alors que l'éco-anxiété paralyse les jeunes générations, Bobin s'aventure comme Rousseau, Nietsche ou Kierkegaard, contre l'esprit pessimiste du temps et s'engage sur les terres fertiles de l'harmonie, du chant , de la poéthique ... pour réenchanter le monde.