Dignité - Initialement , la dignitas* romaine désigne l'autorité, le prestige , l'honneur mais aussi les obligations attachées à une charge, une fonction, un nom. C'est au XVème siècle seulement , avec Pic de la Mirandole, que le mot a pris l' acception moderne de valeur morale intrinsèque et inaliénable de la personne . Les Lumières et 1789 ont " libéré la notion de dignité en la rendant indépendante de la naissance sociale, tout en en proposant une vision dynamique tournée vers la participation à l'utilité commune." ( cf. C.Fleury, Philosophie magazine, 17/08/2023)
Dans la déclaration universelle des droits de l'homme, adoptée en 1948, l'article 1er est formulé ainsi :"Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité."
►peut-on imaginer qu'un être humain puisse perdre sa dignité ? Dans quel cas ?
- La perte de raison et/ou de conscience entrainerait elle cette perte de la dignité inhérente à la nature humaine ? Auxquels cas certaines formes de handicap ou certaines pathologies , voir socio-pathologies, pourraient frapper d'indignité certains êtres humains et autoriser la société à recourir à la violence ou l'enfermement.
Ce qui nous interroge sur le statut que l'on accorde aux enfants, aux vieillards, aux malades, aux prisonniers ...
- Le fait de ne pas agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité condamnerait il les êtres humains à perdre leur dignité ?
Que dire alors d'une politique publique, qui ignore la dignité des conditions de logement, des conditions de travail, des conditions de soin ...? Que dire de ces légions d'honneur attribuées à des dictateurs, des criminels, ... ?
►est-il absurde de considérer le Vivant, dans son ensemble, d'une égale dignité ? L'homme n'est-il pas de ce point de vue un animal comme les autres ?
- Les animaux, comme les êtres humains, ont des besoins vitaux, s'entraident, éprouvent des sentiments, ont une conscience de leur environnement ...On commence même à concevoir que les arbres, les plantes également interagissent avec fraternité ... Ne pas leur accorder de droits sous prétexte qu'ils ne peuvent s'exprimer , on le sait aujourd'hui, à l'heure de la crise climatique, c'est condamner l'humanité toute entière.
Et si l'on en croit l'article 3 de la DUDH de 1948:
"Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne."
Agir de la sorte , condamner la Terre et le Vivant dans son ensemble, leur refuser la dignité , accordée par principe à chaque être humain, serait un acte indigne, dans la mesure où la fraternité n'y a plus aucune place.