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Le terme de wokisme désigne le mouvement "woke" , qui signifie "éveillé " mais pas au sens de bouddha !
L'éveillé ici est celui qui reste en alerte sur toutes les formes d'injustice sociale ou liées au racisme. Le mot est né dans les années 60 aux Etats-Unis, dans les communautés afro-américaines mais c'est seulement en 2013 qu'il prend une dimension idéologique, lorsque surgit le mouvement américain Black Lives Matter avec le slogan "Stay woke". Puis, il s'étend à d'autres formes de discrimination, rencontrant les revendications du mouvement #metoo ou la question des droits LGBT... jusqu'aux violences policières sur militants écologistes. A l'origine donc, le wokisme vise à dénoncer le racisme systémique et les violences policières mais il agglomère aujourd'hui dans son combat toutes les minorités discriminées, quelles soient ethniques, culturelles, sociales, sociétales , de sexe, de genre, de taille, ... Du wokisme découle l'intersectionnalité, qui est le principe selon lequel les discriminations peuvent se cumuler ( homophobie, xénophobie, transphobie, grossophobie, ... ).
Le terme woke a fait l'objet de détournements parodiques et de critiques virulentes de la part de ceux qui considèrent qu'il s'agit d'un mouvement sectaire, manichéen et moralisateur , qui porte atteinte à la liberté d'expression ... les certitudes du vieux monde seraient-elles en train de vaciller ?
Pour les plus radicaux du mouvement, l' "ennemi commun" est le "vieux mâle blanc hétérosexuel", synthétisant toutes les formes de domination du patriarcat et de la mondialisation capitaliste post-coloniale ! On leur doit la création de l'écriture inclusive et cette fameuse "cancel culture" qui vise à effacer certains mots de l'ancien monde , pouvant blesser les minorités stigmatisées ( voir les polémiques autour du roman d'Agatha Christie ou encore les débats chez Disney ) , jusqu'au déboulonnage de statue . Sans doute jugera t-on un peu rapidement qu'il y a là des excès peu propices à ramener du consensus !
D'ailleurs, le mot est devenu un tel concept fourre-tout qu'il n'est aujourd'hui utilisé que par les détracteurs du mouvement, les milieux ultra libéraux, la droite extrême . Le politologue Clément Viktorovitch l'analyse comme "un outil purement rhétorique, une arme de disqualification massive utilisée contre le discours de gauche" , afin de disqualifier principalement les luttes féministes et anti-racistes.
Cependant , interrogeons nous deux secondes sur les représentations toxiques du vieux monde, qui se sent bousculé par le wokisme ou idéologie woke .
Pourquoi ceux qui s'insurgent contre l'écriture inclusive ou la disparition administrative du mot "Mademoiselle" ne s'indignent-ils pas dans la même mesure de l'effacement des femmes dans nos livres d'Histoire, de Sciences ( effet Matilda), de Littérature , dans nos Musées , dans nos stades ou simplement de l'absence du mot "Mondamoiseau" ? Qui connaît Lise Meitner ? Qui a déjà lu dans sa scolarité Christine de Pizan ou Antoinette Deshoulières ?
Qui est monté au créneau pour critiquer le prix Nobel de Littérature décerné à Annie Ernaux ? la palme d'or à Justine Triet ? Qui est monté au créneau pour excuser les comportements de Gérard Depardieu ou de Patrick Poivre d'Arvor ?
Peut-être est -il venu le temps de dénoncer cette Culture du viol à la française ( titre d'un ouvrage de Valérie Rey- Robert . Ed. Libertalia , sous titré "Du troussage de domestique " à la "liberté d'importuner" ) ... Quand une femme meurt tous les trois jours sous les coups d'un partenaire violent, que 160 000 enfants sont victimes d'inceste par an en France ( les agresseurs étant très majoritairement des hommes de la famille), peut-être est-il temps de considérer que ce fléau n'est pas une vision wokiste de la société mais qu'il y a bien des schémas de l'ancien monde à déconstruire.
En fait , toute révolution comporte des excès mais sans doute l'histoire est-elle faite de ce mouvement de balancier au risque d'être figée dans un immobilisme mortifère. A chacun de trouver en son âme et conscience le point d'équilibre entre ses indignations !
La peur de l'Autre , celui qui diffère de nous , que ce soit par sa couleur de peau, sa culture, sa religion, sa taille, son comportement, ... ne crée que de la violence, du repli sur soi, du communautarisme. Pour dépasser cette peur , sans doute faudrait-il nettoyer les mémoires et nuancer le récit de notre Histoire. Dans cet esprit, le concept de créolisation ouvre de nouvelles perspectives. Développé, théorisé par le poète et philosophe Edouard Glissant , on pourrait le résumer dans cette formule :
" La créolisation, c'est la rencontre d'altérités, qui produisent des situations nouvelles" .
Il s'agit là d'un processus sans fin , puisque les nouveaux apports vont être intégrés dans cette construction identitaire commune. Edouard Glissant s'appuie non seulement sur l'exemple de la création de la langue créole , mais également sur le jazz, comme preuves de ce processus imprévisible. Françoise Simasotchi- Bronès , professeure des universités en littératures francophones à l'Université Paris 8, résume ainsi le concept :
«C'est l'idée que des humanités différentes qui se trouvent réunies dans un endroit du monde participent à la création d'une nouvelle identité.»
A l'opposé des crispations à l'œuvre dans l'ancien monde ( théorie du grand remplacement, repli communautaire, décivilisation) la créolisation offre une perspective réjouissante de dépassement de nos contradictions, de renversement idéologique et philosophique, où chacun aurait enfin toute sa place et rien que sa place, où la mise en place d'un nouveau commun autour du " tous humains, tous terriens " ferait de nous des éveillés !
( plus proches cette fois du bouddha et de la voie du Tao )
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